Salut à tous !
Pardon de vous adresser cet édito en retard. J’ai une excuse, mauvaise forcément puisque c’est une excuse : j’étais avec les copains de votre belle et audible radio, les amis de radio Couleur Chartreuse, et ceux de la CRANC-RA, la confédération Rhone-Alpes des radios non commerciales, à une messe moins médiatique que le salon de l’agriculture de Paris : le salon Primevère. Rendez-vous des alternatives écologiques, il réunit tous ceux qui pensent qu’on peut se faire du bien sans se faire de mal, et sans bousiller notre Terre Mère, Gaïa, Pacha Mama et autres respectueuses et vivantes appellations. J’aimerai, en « président de la synthèse » répondre à ceux qui aux extrêmes frontières de l’écologie, pensent que « ça commence à bien faire » et que les « jihadistes verts » contredisent les vertus d’un marché sans bornes ou qu’à l’inverse le monde a sombré dans le chaos et la conspiration dans le but de pomper directement la sève vitale de 7 milliards d’êtres humains au profit des 1% de vampires « reptiliens » et que notre salut repose uniquement dans l’abstinence, la contrition et l élimination de la moitié de l’humanité. A cela je veux juste montrer l’existence d’une voie médiane, illustrée par des Paul Ariès ou des Pierre Rhabi par exemple, celle d’une bien nommée « sobriété heureuse ». Ces chantres d’une écologie moderne et d’une économie à visage humain n’ont rien inventé, ils sont les dignes descendants philosophiques d’Épicure qui n’a rien du jouisseur sans frein, du partouzeur et du picoleur éhonté qu’on dépeint aujourd’hui afin de justifier une vie de débauche sombrant « dans le stupre et la fornication » et la consommation à outrance, et qui conduit invariablement à l’infarctus, aux cancers et à l’AVC. Épicure a simplement théorisé le principe de plaisir, étendu à une bonne santé et à l’équilibre psychologique ; principe qui privilégie les actes qui font du bien non seulement dans l’immédiat mais dont les répercutions sur le long terme ne brisent pas l’harmonie fragile individu/société/environnement. « De la mesure en toute chose » disait Horace, proposant, à la suite d’Épicure, d’explorer en conscience mais sans frustration toute l’étendue des plaisirs que nous offre la vie. Cela n’est pas facile et demande une certaine discipline faite à la fois de méditation introspective, de déambulation nonchalante mais attentive, de solidarité sociale et de coopération, de critique constructive et bienveillante, d’attention portée à soi et à son semblable (alter ego= autre soi) et d’un peu de travail ! Si les extrêmes sont utiles à la connaissance des limites à ne pas franchir (même si on peut parfois les repousser) c’est au milieu de la passe que l’on gouverne afin d’éviter de sombrer sur les récifs de l’autoritarisme et du dictact. Il y a peut être une forme de vérité, en tous les cas de bonheur à chercher entre les « bouffeurs » corrompus et les ascètes pisse-froid et peine à jouir.
Je vous embrasse bien et vous retrouve au printemps.