Une grande première à Grenoble que cette "Saison des peuples autochtones en résistance". Tout un trimestre consacré à ces populations dont les ancêtres furent les premiers habitants de territoires souvent colonisés depuis par des étrangers, le plus souvent d’origine européenne. C’est un colonialisme, à partir des années 1500, qui est responsable du déplacement forcé ou tout le moins de la domination physique et culturelle imposée aux Aborigènes d’Australie, aux Maoris de Nouvelle-Zélande, aux Indiens des Amériques ou encore aux Touaregs du Sahel. Des hommes, des femmes, des enfants qui furent massacrés, assimilés ou repoussés dans des territoires marginaux. Colonialisme qui se perpétue aujourd’hui...
Des peuples "fragiles" », premières victimes de la mondialisation et d’un modèle économique productiviste et prédateur. Leurs terres, leurs forêts, leurs ressources minières sont convoitées et exploitées contre leur volonté. Des peuples profondément attachés à leur terre, à leur environnement, qui cherchent à maintenir un lien profond, consubstantiel avec la Nature, mais qui risquent de disparaître définitivement si nous
n’appuyons pas leurs résistances face à des États et des multinationales qui sur-exploitent sans vergogne leurs richesses. Une résistance bien réelle qui est parfois "victorieuse" : la tribu des Dongria Kondh, en Inde, vient d’arracher à l’État Indien l’annulation d’un projet géant d’exploitation de bauxite sur leur "montagne sacrée". Un exemple parmi d’autres Il s’agit bien d’une thématique d’une brûlante actualité qui nous concerne directement. Non seulement ces peuples autochtones nous lancent un appel pressant à la solidarité. Mais par leur "sagesse" et leur conception du monde et du vivant ils nous invitent tout simplement à refonder radicalement un certain type de développement et à repenser notre lien avec cette Terre qui est unique car nous n’en avons pas une autre de rechange !
Des peuples autochtones qui nous proposent de nous pencher sur notre propre histoire coloniale et de réflichir sur la pensée coloniale contemporaine. Une pensée coloniale souvent tournée contre les nomades, comme les Roms, par exemple, mais aussi un colonialisme, sangsue des territoires, exigeant des aménagements routiers, des alimentations en eau, récupérant de nombreuses aides publics, faisant venir ses personnels spécialisés, modifiant les équilibres locaux pour un jour partir vers d’autres cieux laissant les territoires en l’état.
La rencontre avec les peuples autochtones, c’est à la fois une question de solidarité mais c’est aussi une question d’apprentissage où nous sommes, nous les élèves et eux les enseignant.
E.L