Mercredi, la décision est tombée. Le chef de l’Etat a décidé que le gouvernement déposerait dans les plus brefs délais un projet de loi visant à l’interdiction générale du port du voile intégral. Ce projet n’est pas sans provoquer un débat, voir une future polémique ayant des répercussions jusqu’en Belgique où cette question crée des remous dans les plus hautes sphères.
Si le voile intégral ne concerne qu’une petite minorité de femme en France, il cristallise les tensions posant pèle-mêle des questions liées à la religion, aux libertés en général et à celles des femmes en particulier, il touche aussi au respect des valeurs démocratiques, au communautarisme et au conditionnement...
Bref le voile intégral suscite tellement de questions qu’on ne sait pas par quel bout le prendre !
Pourtant ceux qui ont fait l’expérience de croiser une femme entièrement voilée dont on distingue au mieux les yeux et dont il ne reste au pire qu’une vague silhouette sombre aux allures de fantôme, provoque un certain malaise.
Certes le voile intégral met à l’abri du regard les charmes féminins mais loin de permettre discrétion et anonymat dans la sphère publique, un tel « uniforme » attire plus de regards que sur une femme en mini-jupe, dont les jambes nues sont devenues si familières depuis les années 60.
Alors qu’en penser ?
Si l’attentat à la pudeur est pour le droit français un « acte physique contraire aux bonnes mœurs" le port du voile intégral pourrait en être l’exact contraire : une sorte de pudeur radicale. Alors regrettant l’inévitable contentement que ce projet procurera aux plus intolérants, à ceux qui se réjouissent que l’on puisse réprimer un symbole de l’islam, je pense pourtant qu’il est devenu nécessaire de contenir ou d’encadrer cette évolution vers « une dissimulation intégralo-religieuse » même si l’interdiction n’est jamais satisfaisante et représente toujours un dernier recours qui dans le cas du voile intégral pose en plus des questions quant à son application.
Alors au delà d’être vraiment pour ou contre l’interdiction du voile intégral, mon attachement à la laïcité et aux valeurs du vivre ensemble, du partage et de l’échange, m’amène à penser le problème autrement : Et si on rendait obligatoire la fonction libératrice et épanouissante d’une religion ?
Si on obligeait « Dieu » à ne pas être un gendarme céleste qui déclenche un sentiment de peur et rend difficile la connaissance de soi ?
Pourrait-on lui fixer pour universelle obligation de susciter chez les êtres une énergie créatrice comme celle qui a conduit à l’édification du palais de l’Alhambra, ou encore à l’écriture des poèmes mystiques des grands maîtres spirituels ?
L’islam étant une religion de paix et de connaissance, il donne le devoir d’apprendre à mieux se connaître, de comprendre ses motivations et ses intentions afin de vivre sa foi paisiblement, en harmonie avec autrui et dans le respect de l’autre.
Anne-Laurence.M