C’est beau, un printemps qui sourit. Les lilas qui fleurissent, embaument les jardins. Le muguet qui déjà pointe le bout de son nez. Les oisillons qui piaillent dans leur nid. Les femmes qui découvrent leur peau fragile d’hiver. Les citadins qui sortent en terrasse. Les autres qui travaillent la terre dans leur potager. Ceux qui préfèrent flâner au soleil. L’activité reprend, et avec elle le doux murmure de la joie de vivre, quand le travail cesse de prendre le pas sur le bonheur. Quand la simplicité vient nous effleurer et qu’on court après pour ne plus la lâcher. Ca, ça se passe ici, maintenant. Comme on dit, ya des jours avec et des jours sans. Tout de suite, maintenant, c’est un moment avec. Tout à l’heure, peut-être, ce sera un moment sans. Un moment sans goût qui nous rappellera que le bonheur ne dure souvent qu’un temps. Qu’ailleurs, en Libye, en Syrie, au Yémen, au Burkina Faso et dans plein d’autres ailleurs, on se bat pour la liberté, contre les dictatures. On se bat pour vivre dignement, récupérer le droit de savourer les saisons et tout ce qu’elles transportent. Un moment sans, ça peut aussi être quand on regarde les pubs à la télé, scandaleuses d’hypocrisie, tristes miroirs. Un moment avec, c’est ici, au présent, les chats qui se détestent et pourtant dorment côte à côte, en paix. L’homme qui prend du plaisir à vaquer. La femme qui apprécie la somptueuse saveur d’un thé parfumé. Le printemps sourit, et avec lui je souris, à cet instant précis.
E.P