Au risque de paraître un poil naïve (on est à l’abri de rien dans ce monde cruel), je me faisais la semaine dernière une réflexion ô combien inédite : c’est fou comme le cinéma influence les gens ! Je veux dire par là que quand un film paraît au cinéma et aborde un sujet qui sort de l’ordinaire, hop, tout le monde s’intéresse audit sujet ! Les médias se ruent sur les spécialistes pour en extraire le jus, les discussions aux comptoirs prennent des allures de débats philosophiques (OK, j’exagère un peu... quoiqu’un pilier de bar, tout imbibé qu’il puisse être, est lui aussi capable de s’élever très haut dans la réflexion), les éditorialistes se frottent les mains car chouette, ça leur fait du grain à moudre...
En ce moment, le sujet à la mode c’est l’homosexualité. Ou peut-être plutôt le sexe homosexuel. On en a apparemment du version lesbien avec « La vie d’Adèle » palmé à Cannes (qui sortira sur nos écrans au mois d’octobre) et puis du gay avec « L’inconnu du lac » qui propose, sur fond d’histoire macabre, du sexe en veux-tu en voilà, des quéquettes dans tous les sens et sous toutes les coutures, en soulevant par la même occasion tout un tas de questions sur l’homosexualité, l’amour, le sexe, la vie, quoi.
Alors que l’on nous sert à foison depuis des années des scènes de sexe hétéro avec plein de seins et de fesses, voilà qu’on en est aujourd’hui à aborder la question si taboue du sexe homo et qu’on en montre même certains détails, au risque de choquer par tant de crudité.
Mais ? Serions-nous en train d’évoluer ? Serions-nous enfin en train d’accepter que deux personnes du même sexe puissent faire l’amour avec amour, en le mettant en scène sur grand écran, avec force détails ? Est-ce le débat sur le mariage homo qui a mis la puce à l’oreille de nos réalisateurs ? La question reste entière... Quoi qu’il en soit, il était temps, j’ai envie de dire... Parce que je vous le donne en mille : l’homosexualité est vieille comme le monde ! Les parties de fesses en l’air à deux pénis existaient bien avant que notre papa entrait dans notre maman ! Pareil pour les ébats à deux clitos, à quatre seins ou à deux vagins...
Alors ? Pourquoi c’est que maintenant que le cinéma crève l’abcès ? Peut-être préférait-on se dire « Cachez-moi cette réalité que je ne saurais voir »... ? Je n’ai pas la réponse. Epluchez les médias, peut-être auront-ils interviewé un expert qui vous expliquera le fond du problème...
Alors finalement, même si moi je ne l’ai pas adoré « L’inconnu du lac », même si je n’y ai pas vu un chef d’oeuvre, je trouve qu’il a quand même l’immense mérite d’aborder un énorme tabou, de nous envoyer en pleine face une réalité qui dérange... et ça c’est fort fort honorable.
Merci donc au cinéma, merci donc à l’art de proposer des gros plans sur des faits de société et d’alimenter les réflexions sur des sujets trop tabous pour être débattus sur la place publique...
E.P