editorial du 2 au 9 novembre

vendredi 2 octobre 2009 par Radio-Grésivaudan

Aujourd’hui et demain, sont jour d’élection, de référendum plus exactement. Un référendum pour savoir si les Français sont pour ou contre la privatisation de la poste. Référendum, le mot n’est pas exact puisque qu’il s’agit d’une votation citoyenne à l’initiative du Comité national contre la privatisation de la Poste regroupant les syndicats CGT-SUD-FO-CFTC, plus de 80 associations...
La privatisation de la Poste n’est pas une des dernières lubies de Nicolas S ; elle est en marche depuis de nombreuses années comme le montre les textes européens. En 2008 par exemples « Le 20 février, le Parlement européen et le Conseil ont officiellement adopté la directive 2008/06/CE, qui modifie la directive postale initiale (97/67/CE) elle-même modifiée par la directive 2002/39/CE, et fixé l’étape finale du processus d’ouverture progressive du marché à l’année 2010 pour la plupart des États membres, et à 2012 pour les autres. »
Tout cela été déjà en germe en 1992 : « à assurer que, en dehors du secteur réservé, des conditions de concurrence équitables soient assurées entre les prestataires du service universel et entre ces derniers et d’autres opérateurs, » A cela, il faut ajouter les contraintes qu’impose aux États l’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS) signé dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Cet accord qu’aucun gouvernement ne met en cause s’oppose de fait à l’existence de services publics, les « services » devenant par définition des marchandises.

L’objectif d’un « marché unique des services postaux » à l’échelle européenne a donc débuté dès 1992, au moment de la ratification du Traité de Maastricht alors que Pierre Bérégovoy était premier ministre. Depuis le gouvernement de Jacques Chirac (1986-88) et le gouvernement Jospin de la période 1988-93 jusqu’à l’actuel gouvernement, tous les gouvernements sans exception ont poursuivi la politique de privatisation progressive des services publics, qui s’est accélérée après la ratification des traités de Maastricht (1992) et de Marrakech (1994, instituant l’OMC et introduisant l’AGCS) et pour finir de Lisbonne ( que l’on propose gentiment aux Irlandais de revoter).

Tous les gouvernements, de droite ou socialiste vont dans le même sens. Peut-être est-ce judicieux. D’autres pays en Europe ont fait ce choix politique et l’ont mis en place. Les résultats sont concrets :
En Suède. La poste est transformée en Sarl en 1994. Elle conserve 90% de parts de marché (c’est donc ça la concurrence ?) Le prix du timbre bat tous les records (90% de hausse en 10 ans de 1993 à 2003) 1/3 des emplois supprimés Passage de 2000 à 500 agences
Au Royaume Uni. Privatisée en 1999 par Tony Blair L’échec est tel qu’elle doit être re-nationalisée en catastrophe avec une perte évaluée à 1,5 milliards de livres, payée par le contribuable La réorganisation entamée en 2006 a conduit à la fermeture de 2500 bureaux, une réduction massive de l’emploi
Aux Pays-Bas. Transformée en 1989 en société anonyme fusionne avec le groupe australien TNT en 1996 L’entreprise est connue pour faire travailler les enfants dans le portage et la publicité non adressée TNT envisage de supprimer entre 11 000 et 13 000 emplois (sur 59 000) dans les années qui viennent 70% de la main-d’œuvre travaille à temps partiel et il ne subsiste que 500 à 800 vrais bureaux contre 1300 points de vente !

Ce choix politique a supprimé des milliers d’emplois, 300 000 dans l’Union européenne, 10 000 par an en France (52 000 depuis 2002). Il intervient sur une entreprise qui marche (La Poste a fait 650 millions de bénéfices en 2008, 1 milliard en 2007).
Dans d’autres domaines, nous avons vu également les résultats : la privatisation du rail en Grande-Bretagne a engendré une augmentation des tarifs doublée d’une augmentation catastrophique des accidents ferroviaires ; en France, de plus en plus de communes renationalisent la distribution de l’eau : les régies municipales proposent des prix plus bas que les entreprises privées, contraintes de dégager des marges plus importantes pour satisfaire les actionnaires sans oublier près de chez nous la fabuleuse histoire de l’eau de Grenoble...

Quel sera le résultat de cette votation citoyenne ? Au moment où cet éditorial est écrit, il est impossible de le dire puisqu’elle est en cours. J’espère juste que la participation sera importante afin de l’avis de citoyens soit lisible. De la à ce qu’il soit pris en compte s’est une autre histoire...

E.L

pour en savoir plus :

- Blog international du collectif " indépendance des chercheurs"

- Le gouvernement veut changer le statut de la Poste pour la privatiser, êtes-vous d’accord avec ce projet ? OUI / NON . Avec : François MARCHIVE, militant Sud – PTT. dans la vie locale sur radio Grésivaudan samedi 3 octobre à 11h


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