Si vous aviez à choisir entre Miss France et Longueur d’Ondes, vers lequel des deux événements vous tourneriez-vous ? Peut-être répondriez-vous que Miss France, vous savez ce que c’est, mais que Longueur d’Ondes, ça ne vous dit pas grand chose. C’est louable, puisque Miss France, c’est un événement de la plus haute importance à l’échelle nationale alors que Longueur d’Ondes n’est qu’un petit festival situé à l’autre bout de la France, sur la côte bretonne, dans la pluvieuse mais non moins accueillante ville de Brest. Le point commun entre les deux ? C’est qu’ils ont lieu à la même période au même endroit. Leur(s) différence(s) ? On ne va en citer qu’une. C’est que même ici, à Brest, Miss France, tout le monde connaît alors que le festival Longueur d’Ondes qui se déroule en ce moment pour la 9e année consécutive, et bien, beaucoup moins de personnes s’y intéressent.
Moi, je vous le donne en mille, j’ai décidé de venir à Brest pour... Longueur d’Ondes ! Mais alors, pourquoi, me direz-vous ? Qu’est-ce que ce festival a de plus que Miss France ? Et d’abord, qu’est-ce qu’on y trouve, à ce festival ?
Au festival Longueur d’Ondes, on écoute des reportages, des documentaires, des créations, des sons, quoi. On écoute aussi des gens parler de reportages, de documentaires, de créations, de radio, quoi. Et puis on se surprend soi-même à réfléchir et à échanger sur des thématiques aussi diverses et variées que les reportages, les documentaires, les créations, les sons ou la radio, quoi. On entend des voix, on en enregistre d’autres, on écoute des histoires, on se laisse bercer par une énergie sonore en pleine ébullition. On se laisse porter par nos oreilles, on flotte dans cette espèce de bulle stéréo qui nous entoure, et on arrive même à oublier qu’à quelques centaines de mètres de nous, les Miss de toutes les régions de France sont en train de se préparer pour la grande élection de l’année, celle qui sera diffusée en prime time et mobilisera un maximum de techniciens, de journalistes, de beau monde pour une soirée de folie animée par Jean-Pierre Foucault, quoi ! A Longueur d’Ondes, c’est vrai qu’on oublie ça, on ne parle pas beaucoup des Miss. Et chez les Miss c’est pareil, on ne doit pas beaucoup parler de Longueur d’Ondes. Ou peut-être au moins autant que des salariés de la Sobrena (société bretonne de réparation navale) qui sont en grève ici à Brest car ils risquent d’être licenciés parce que l’entreprise dépose le bilan le mois prochain. Et puis si on met le nez sur le canard local du jour, Ouest France, on s’aperçoit qu’il n’y a (d’après mes souvenirs) rien sur Longueur d’Ondes qui a démarré aujourd’hui, un quart de page sur Sobrena qui connaît un mouvement de grève depuis deux jours, et une double page pour l’élection de Miss France qui a lieu dans deux jours.
Alors voilà, tout ça pour dire que chacun a ses priorités et ses préoccupations. Voilà dans quel monde on vit.
E.P