Mince comme un film d’emballage, le miroir qui reflète nos actes solidaires et coopératifs, nos aspirations vers une société citoyenne, nos micro-combats quotidiens, se déchire et nous apparaît la mécanique monstrueuse, les rouages sombres et supposés, que l’on se tait, que l’on enfouit pour ne pas sombrer.
Quand ce miroir se brise, nous ne sommes plus que pantins désarticulés et les marionnettistes à chapeau et gros cigare ricanent, car ce sont eux qui tirent les ficelles...
C’est le Panama papers blues...
Réveille-toi, mon gars, c’est l’heure d’écrire un édito...
C’est parti.
Chaque année, à quelques milliards près, l’équivalent du déficit budgétaire national est placée à l’abri de l’impôt, par la grâce de mécanismes huilés et couverts d’une bienveillance à peine masquée par une "répression" à peine répressive. Cela s’appelle de la fraude fiscale.
Et il s’agit là d’un sport national : ouvrez votre site internet favori, que lisez vous en bandeau au bas de la page ? Comment payer moins d’impôts en 5 clics. Légalement bien entendu (puisque c’est grâce à la loi Machintruc ou à la loi Trucchouette). Du moins au début. Ensuite, la frontière est franchie et le pactole se trouve illégalement bien à l’abri de la voracité des pauvres.
La moralité, elle, est piétinée depuis bien longtemps déjà.
Nos amis les Riches, adorateurs du CAC40, le club des amis du MEDEF, puise la légitimité de l’acte dans ce rapport de classe qui les place de droit du côté des dominants : Je me crève à faire trimer la populace, pour que celle-ci ait le gîte et le couvert. Je prend tous les risques. J’ai des charges écrasantes, qu’elles soient sur mon entreprise ou qu’il faille que j’assure un train de vie à la hauteur de mes responsabilités. J’ai donné ce que j’avais à donner à la société. Il est normal que je protège ma descendance, ou que je blanchisse quelque comptes à la limite de la légalité.
Pourtant, que je sache, la révolution française est passée par là, les luttes ouvrières, le communisme, le conseil national de la résistance...Mais l’indestructibilité des Puissants.
Rien n’éteint cette envie de domination liée à l’argent, au pognon, au flouze, au fric, ni la violence faite au peuple qui accompagne cette pulsion prédatrice.
70 milliards c’est environ l’argent de la fraude fiscale annuelle. Et pendant ce temps, l’Etat serre mortellement le kiki des services publics, et appelle aux efforts pour tenir les critères européens.
70 milliards, c’est en vrac et au hasard : des hôpitaux qui sortent de l’asphyxie, des structures d’accompagnement aux personnes handicapées, des structures d’accueils et d’intégration pour les migrants, des créations de postes dans l’éducation nationale, une dotation digne de ce nom aux communes sans revenus propres, des médicaments de première nécessité que l’on ne paye plus, la renationalisation des services (postes, électricité, eau...), une politique de production d’énergie renouvelable qui ne reposerait pas sur les efforts des particuliers, une aide à la culture digne de ce nom, .....etc...etc...etc...etc...etc...
Je l’avait déjà écrit, et je vais le répéter : non, nous ne sommes pas, nous le peuple, responsables de la crise. Nous ne sommes ni profiteurs, ni archaïques, nous sommes tout simplement lucides !
La crise vient de l’étranglement que nous font subir les riches.
Relisez Charlot et Pinçon, c’est tout à fait d’actualité.
Post Scriptum : Madame Le Pen, avant d’intenter un procès au journal le Monde à propos des révélations liées à Panama Papers, renseignez vous d’abord. Ce sont des centaines de journalistes d’investigation du Monde entier qui sont sur l’affaire et c’est à eux que vous devrez vous attaquer.
Nous les remercions au plus haut point. L’investigation, objet chéri par notre Radio Grésivaudan, reste à ce jour, l’une des forces qui peut nous sortir du marasme de l’actualité fast-food et populiste.
L’investigation, c’est l’actualité démontrée et expliquée, qui repose sur des faits, suite à un scrupuleux et intègre travail d’enquête. Ce n’est que Justice !
JM.F