mercredi 28 janvier 2009 par prog
Conçu autour d’esthétiques jazz mâtiné d’electro et de downtempo dubbé, ce premier opus du Professor, Foreign pulses & borderline dubs est à la fois accessible et pointu, mélodique et psychédélique et dans lequel rêverie, colère et voyage se croisent sans heurts. A bord de cet album du troisième millénaire, le Prof parvient à marier avec une grande maturité jeu live et couleurs acoustiques à des textures électroniques. Les musiciens (basse, batterie, guitare, clarinette, claviers) expriment pleinement leur sensibilité et leur sens du groove tandis que les machines et les arrangements déstructurent, recomposent, explorent le sound design et ouvrent les champs sonores. On peut facilement penser à Cinematic Orchestra même si les influences du Prof vont de Burnt Friedman à Jagga Jazzist en passant par Matthew Herbert, Señor Coconut, le label Jazzland ou encore les artistes issus de l’écurie Scape.
Même s’il sait très bien s’entourer, Romain Sygroves aka Professor Psygrooves reste le seul aux manettes des machines et des batteries. Sur la base de sessions d’improvisations autour d’une boucle, d’un sample ou d’un riff, le Prof s’amuse à contourner les genres qu’il affectionne (les ’Foreign pulses’) pour ensuite les travailler ’in dub’ à grands coups de reverbs et delays. Il laisse alors ses idées divaguer au fil de l’inspiration, traite, découpe, déplace, arrange, édite les sons pour obtenir une structure cohérente, avec pour idée maîtresse de créer un ’fake band’ et ainsi conserver l’esprit et la richesse de la musique jouée. Ce parti pris confère à ce disque un aspect plus ’rugueux’ (les ’borderline dubs’) comparé aux albums habituellement étiquetés jazz-electro. Le dub est ici envisagé comme un processus à la fois d’embellissement et de destruction de la musique permettant de ne jamais se reposer sur des standards mais plutôt de chercher en permanence de nouveaux moyens d’étendre la créativité sonore.