NOSFELL "Cosmogonie"

Inclassable

vendredi 15 mai 2009 par prog

D’un désir obsessionnel, maintenu depuis toujours dans une tension extrême, peut naître un des plus débridé et prolifique univers de la création musicale actuelle. Le monde que Nosfell explore et décrit depuis 10 ans au cours de ses albums et de ses nombreux concerts, déborde largement des chemins musicaux et se déploie sans frontières des genres. Il fait preuve de la nécessité de s’exprimer au plus juste au travers des médiums artistiques capables de lui proposer les meilleures métamorphoses.

Les mondes inventés en littératures sont légions, mais ceux qui offrent un écho au réel sont rares. A la source certainement, une blessure d’enfance telle, que le chanteur dû trouver dans la maîtrise compulsive d’un univers en tous points original, une salutaire évasion. Pour que la fuite soit parfaite, au moins à la hauteur du danger encouru, il fallait, avec une certaine ambition, donner corps à ce projet en créant une cosmogonie à part entière. Avec ses cartes, qu’il tatoueraient sur son dos, comme on imprime ses racines derrière soi pour laisser au regard le champ du futur. Avec sa langue, idiome en devenir, qui offrirait une matière malléable pour le musicien qui s’émeut des recherches sur les textures sonores contemporaines. Avec sa grammaire, constituée de sept mots dictés par son père dans un sabir mystérieux, qui constitueraient sept états du moi, et les bases d’une pensée et d’un univers. Avec ses personnages, ses artistes, ses écrivains, ses chercheurs, ses amoureux tragiques, ses dieux, qui lui donneraient mille masques à emprunter, mille vies à jouer, multiples de sa personnalité. Avec, finalement, son histoire, des contes à improviser sur scènes, des légendes courrant comme un rhizome souterrain de la pensée. Avec tout cela, Klokochazia, le territoire où d’emblée Nosfell s’y définit lui-même, non pas comme le prince ou le dirigeant, mais comme le chantre d’une mythologie - et c’est une nuance qui donne l’avant-goût de la mise en perspective d’une histoire dans l’histoire - devient un projet unique et sidérant.

Ce qu’opère Nosfell dans sa pratique artistique, c’est la transmutation d’une évasion originelle et salvatrice du quotidien, en un retour au vivant et aux enjeux du désir dans ce qu’ils ont de plus touchants et palpables. Klokochazia est un départ. Un point zéro que Nosfell ne cesse de confronter au réel. La musique est ce médium privilégié de l’instant, qui noue et fait résonner entre eux, le fantasme et le présent. Chant stratosphérique ou danse-performance au centre Pompidou, rock des entrailles ou orchestration pharaonique pour la Cité de la musique et Pleyel, partout où Nosfell fait couler son énergie, se révèle un chemin précieux. Celui d’un chercheur qui nous ouvre les cartes de ses questionnements.


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