De passage à Grenoble au Summum le Dimanche 1 Février 2009 (concert à ne pas manquer !) . Il y a encore des places .
Avec son cinquième album, Nigerian Wood, le blufunk d’origine de Keziah Jones se mue en griffe de haute couture sonore.
Le savoir-faire de l’artiste n’est plus à démontrer depuis longtemps, mais ici, sa touche caractéristique semble porter en elle l’organigramme du tissu musical contemporain : le rythme roi, d’où se déclinent quantités de synthèses entre blues, funk, soul, rock, psyché, et même classique, écorces de racines entremêlées comme les sentiments amoureux extensibles de New York à Lagos.
On se souvient du tube planétaire, devenu l’hymne de Keziah Jones, « Rythm is love », extrait de l’album révélation Blufunk is a fact (1992). Ce toucher de guitare alerte et slappé, cette rythmique funky-jazz, ce chant félin, ce son dépouillé sans être minimaliste, ont permis au nigérian – découvert dans le métro quelques temps auparavant –, d’imposer son style à la face du monde, de façon fulgurante, et de le nommer « blufunk » (mélange de blues et de funk). En 1995, le musicien publie le dépareillé African space craft, suicide commercial (tous les morceaux potentiellement tubesques étant triturés à l’extrême) mais chef-d’oeuvre méconnu ; son album le plus rock, le plus sombre, le plus électrique, dans lequel Keziah Jones maltraite son blufunk à coups de trouvailles soniques stupéfiantes invoquant l’esprit d’Hendrix. Suivront Liquid sunshine (1999) et Black Orpheus (2003), toujours très organiques, le dernier laissant entrevoir une forme de sérénité radieuse, aux allures de retour aux sources, comme l’indique le visuel de la pochette. Le parcours discographique de Keziah Jones apparaît comme un long recentrage sur son identité et ses racines nigérianes.
Le nouvel album s’inscrit dans le prolongement de Black Orpheus mais aussi de la mythique soul music afro-américaine : la présence de cuivres et la fraîcheur foisonnante de l’ensemble ressuscitent le cool de Marvin Gaye et la furie de Prince – d’où filtrent quelques décoctions du neurologue Lee « Scratch » Perry , même si Keziah Jones se revendique d’abord de Jimi Hendrix et de l’inventeur de l’afrobeat Fela Kuti.