Jean-Philippe Rennard,expert du Darknet

vendredi 13 janvier 2017 par manon

Aux yeux du grand public, toujours friand de sensationnel, le Darknet n’est qu’un espace sinistre au service des crapules en tout genre. Pourtant, il est bien plus que cela.
Le Darknet est un ensemble diversifié, à la fois sombre et lumineux, où se croisent truands, geeks, activistes et dissidents. C’est cette réalité technique et sociale que ce livre souhaite présenter.
Il décrit les technologies fondamentales comme les réseaux pair-à-pair, le chiffrage à clé publique ou les mixnets et détaille l’usage et le fonctionnement des grands environnements anonymes tels Tor, Freenet, ou Telegram, la fameuse « messagerie de Daech ». Il s’attarde sur les crypto-monnaies et les Bitcoins, cette fascinante innovation si prometteuse qu’elle est aussi bien au coeur des échanges interlopes, qu’à la base du futur cadastre hondurien. Le lecteur y croisera les inévitables trafiquants de drogues, des vendeurs de faux-papiers ou des tueurs à gages, mais aussi Edward Snowden, WikiLeaks, la communauté homosexuelle russe ou les printemps arabes. Des marchés noirs aux « interrupteurs pour échapper au contrôle » chers à Gilles Deleuze, le Darknet est une réalité complexe et mouvante qui témoigne de l’intimité du lien entre les évolutions techniques et les dynamiques sociales.

Le Darknet existe depuis plus de 50 ans. Créé durant les années 1960 pour désigner les réseaux isolés d’Arpanet (l’ancêtre d’Internet), les Darknets – car il en existe plusieurs – étaient capables de recevoir des données d’Arpanet, mais disposaient d’adresses anonymes, n’apparaissant pas dans les moteurs de recherche, ni dans les listes de réseaux. Le terme Darknet gagne le public en 2002 suite à la parution d’un article écrit par quatre employés de Microsoft (The Darknet and the future of content distribution). Dévoyé suite aux affaires médiatisées de trafic de stupéfiants et de forum pédopornographique, le militant Jérémie Zimmermann de la Quadrature du Net s’oppose à l’usage de ce terme dans les médias. La médiatisation soudaine du Darknet comme côté obscur du Net, selon lui, serait largement induite par les multinationales telles que Facebook et Google qui font du commerce des données personnelles de leurs utilisateurs. Actuellement, les principaux promoteurs du Darknet sont les organisations telles que Reporters sans frontières proposant même un kit de survie numérique. Parmi les logiciels les plus connus pour accéder au Darknet : Tor (développé par l’armée américaine dans les années 2000), Freenet, I2P, GNUnet, Zeronet…

Jean Philippe Rennard donnera une conférence sur le Darknet à l’école de management de Grenoble, le 23 février prochain.
Il est l’auteur de Mythes et réalités, livre paru en 2016.


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