lundi 11 février 2019 par prog
Elisapie, c’est le genre d’artiste qui ne peut pas passer inaperçue, ou alors ce serait vraiment dommage. Née dans le grand nord, issue de la communauté inuk, elle a longtemps vécu dans ces terres inhospitalières tout au Nord du Canada avant de le quitter pour Montréal.
Artiste complète, elle est à la fois auteure-chanteuse-compositrice-interprète et réalisatrice, mais ce qui nous intéresse ici, bien sûr, c’est sa musique.
Ses albums ont mis un moment avant de parvenir jusqu’à nous : elle en a déjà sorti trois, et c’est pourtant le troisième uniquement qui parviendra à traverser l’Océan pour nous faire écouter sa musique. Pauvres européens... Et dire qu’on a failli louper ça !
L’album qui a donc fini par venir attendrir nos coeurs et nos oreilles se nomme "The ballad of the runaway girl" et il est sorti en septembre 2018. La fille qui fuit, c’est bien Elisapie, qui a quitté sa communauté pour s’ouvrir tout un monde, mais qui réalise, dans cet album, un véritable retour à ses racines, auxquelles on n’échappe jamais vraiment.
Dans cet album, ses langues natales se mélangent, anglais, français, inuktitut, et dans lequel les musiques qui l’ont bercées se mélangent également, entre folk et musique traditionnelle inuit. Mais les émotions aussi s’y mélangent, des plus hauts sommets de la joie aux gouffres du désespoir, nous arrachant avec un naturel désarmant des frissons comme des larmes, même lorsqu’on ne comprend pas la langue utilisée. Mais cet album est aussi une bataille : bataille pour le peuple inuit, dénonçant les désastres que l’arrivée des hommes blancs ont créé dans leur communautés, bataille pour les femmes, rappelant qu’elles constituent la moitié de l’humanité...
"The ballad of the runaway girl" est donc pour Elisapie un retour aux sources, une manière de s’engager aux côtés de sa communauté sans oublier les voyages qui ont contribué à la construire, et c’est ce qui fait toute la force et l’émotion de cet album.