Le fichier des honnêtes gens
En 2012, le méchant gouvernement Fillon avait fait voter une loi scélérate qui créait un fichier biométrique de 60 millions de français.
Heureusement pour nous, le gentil Jean-Jacques Urvoas (PS, Président de la commission des lois de l’Assemblée nationale) avait saisi le conseil constitutionnel.
Les vieux croulants sages ont refusé en l’état cette loi scélérate.
Non pas sur le principe du fichier, mais sur un point important : La différence entre authentifier et identifier.
Authentifier, c’est savoir si la personne est bien qui elle prétend être.
Identifier, c’est retrouver une identité à partir d’une trace, d’une empreinte.
La loi de 2012 expliquait que pour lutter contre le terrorisme bla bla il fallait renforcer la sécurité des papiers (passeports, cartes d’identités, toussa) et donc qu’il fallait faire ce gros fichier.
Mais, le truc c’est qu’on peut faire l’un sans faire l’autre : Tout dépend où on stocke l’information !
Si je mets l’information dans le document (Je parle ici d’une puce qui contient la numérisation de notre photo et de nos empreintes digitales) et pas ailleurs :
On peut faire de l’authentification (Vérifier que le bonhomme qui tend le papier est bien celui qui est "sur" le passeport)
Si je mets l’information dans une base de données centralisée, on peut faire de l’authentification ET de l’identification ...
C’est sur ce point précis que le conseil d’état a envoyé péter Fillion & sa clique.
Mais pourquoi il nous parle de ce vieux machin ?
Parce que le gentil monsieur Urvoas & sa clique viennent de nous faire un tour de pute commettre un tour pendable :
Ils viennent de faire passer exactement la même loi, non par le parlement, mais par un obscur décret paru au fin-fond du Journal Officiel pendant le week-end de la Toussaint !
Le même texte ?
Oui, le même !
Un fichier biométrique de 60 millions de Français !
Sauf que eux, ils ont enlevé le mot "identification" ...
Mais ils ont gardé l’idée de la base de données centralisée !
Il suffira ensuite, un 24 décembre ou un 15 août, d’un autre décret pour augmenter de périmètre de ce fichier à l’identification.
J’entends déjà la phrase (avec les tic d’épaules et les talonnettes) :
"Moi je vous le dis, m’sieur Pujadas, c’est quand même pas croyab’ qu’on ait laissé passé tous ces terroristes alors qu’on pourrait les arrêter si on avait le courage politique de le faire ..."
Tu exagères ...
Sur quoi ?
Sur le détournement d’usage des fichiers ?
Tu te souviens du FNAEG ? Le fichier des empreintes génétiques créé contre les délinquants commandé pour des crimes sexuels ?
Faut être pour les pédophiles pour s’opposer à ça !
... bin maintenant il a été "élargi" à TOUS les crimes (Sauf les crimes financiers, faut pas mélanger les torchons avec les serviettes !)
... puis élargi aussi à tous les suspects, pas seulement les condamnés !
Eh oui, c’est pour ça que les flics te mettent un coton-tige dans la bouche quand ils t’arrêtent après une manif !
... mais la CNIL, ils nous protègent ce ces abus ? non ?
Non.
La CNIL ils donnent leur avis. c’est leur seul pouvoir.
Et ils ont clairement dit qu’ils n’étaient pas d’accord.
Mais .... c’est dangereux ce fichage ?
Plutôt que de rabâcher des arguments de gauchiste, je laisse parler l’histoire :
Dans ce bâtiment, qui abritait le Commissariat général au travail obligatoire, le 25 février 1944,
un commando des corps francs de libération nationale conduit par Léo Mamon détruisit le fichier
des jeunes Français de la classe 42 susceptibles d’être appelés pour le service du travail obligatoire.
Ce texte vient d’une plaque commémorative situé au 3 place de Fontenoy, Paris 7ème
... c’est le siège de la CNIL !
Nos aînés ont dû lutter, à une époque terrible, pour amoindrir la menace d’un fichier centralisé.
Puisse leur souvenir nous servir d’inspiration.
HL
PS : (PS comme celui qu’on met en bas des textes, pas comme le parti qu’on met en bas des sondages)
Nos données biométriques sont entre de bonnes mains, c’est des pros de la sécurité !
et au pire, on n’aura qu’à changer d’empreintes digitales ...