Ainsi donc, tout serait dit, si l’on en croit les gazettes bien pensantes. Il ne me resterait alors que mes yeux pour pleurer et l’encre de mon stylo pour déplorer la fin (provisoire ?) d’une bataille. La lutte continue me souffle mon voisin quasi sexagénaire en quête de reconnaissance professionnelle depuis 39 mois. Bon ! Mais entre temps que me mettre sous la dent qui justifie de noircir du papier dans l’espoir de susciter l’intérêt du lecteur, fut-il unique et bienveillant. Sachant que ma feuille de route -concoctée par le Directeur d’antenne ne prévoit ma prochaine intervention que le 1er décembre, la veille de l’anniversaire de la bataille d’Austerlitz, j’en suis réduit à espérer que de forts événements surgissent à point nommé pour donner quelque matière à ma copie. Car je ne pourrai me résoudre à la seule commémoration anticipée de la dite bataille, ce dont se chargera le jour dit, à n’en point douter, le locataire actuel et provisoire de l’Elysée qui se prend le plus souvent, et au centimètre prés, pour le clone de l’ex-locataire de Fontainebleau et de Rueil-Malmaison.
Source de consolation, l’annonce par les grandes voix autorisées du pouvoir que les semaines à venir seront sociales ou ne seront pas, me permet d’envisager malgré tout juste ce qu’il faut d’éléments de langage pour nourrir mon intérêt et ma capacité d’indignation, éléments de langage dont nous fûmes abreuver ces dernières semaines, et d’abondance, ces mots et ces formules concoctés par la cellule Com’ de la présidence, testés in-vivo par le très nuancé Frédéric Lefèvre et la toujours suave et fine Nadine Moréno, et repris en boucle par tout ce qui s’exprime majoritairement. Ainsi de ce : "la reforme n’est ni de droite, ni de gauche, elle est juste nécessaire", ainsi de ce : "nous ne sommes pas dans une logique d’affrontement" ou encore : "Il faut rendre hommage à la responsabilité des syndicats" etc..
Seuls des esprits pervertis par les voix du renoncement (et le plus souvent à gauche), peuvent douter de la préoccupation sociale du gouvernement. Personnellement j’ai toute confiance quand j’observe le chemin parcouru et sa détermination à réformer. Et je me réjouis avec Denis Kessler, vice-président du Medef de la liste des réformes envisagées. "La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance".
Enfin, pour celles et ceux que la réforme et les lendemains glorieux rebutent, pourquoi ne pas rejoindre les "Cafés mortels" ( Libération du 27-10) invention d’un anthropologue suisse, où l’on se rencontre dans un bistrot autour d’un pot pour parler de la mort. Cette nouvelle mode ( deux Cafés mortels existent déjà à Paris) rend compte du niveau élevé de notre désespérance sur l’échelle de Thanatos.
Mais à part ça, tout va bien, et les Suisses sont des gens merveilleux.
MA