Editorial du 27 mai au 3 juin

jeudi 26 mai 2016 par Radio-Grésivaudan

La probabilité qu’a un événement de se produire dépend d’un nombre variable de facteurs et bien malin celui qui pourra avancer avec cette certitude satisfaite qui caractérise le plus souvent les cons- c’est-à-dire les autres- que , par exemple, les pouvoirs publics , ou peut-être même les pouvoirs économiques représentés par les instituts de lobbying, instaureront , après avoir épuisé les potentialités de la fête des mères, des pères et des grand-mères, une journée des cousines et des nièces. Pourquoi pas. Why not ? En english.
Qu’on ne se méprenne pas cependant sur le ton de cette chronique. Je respecte éminemment tout ce qui de près ou de loin contribue à la célébration de nos mères, de nos mamans devrais-je plutôt dire, tant ce diminutif est chargé d’émotion contenue. Même si parfois je peux m’irriter des excès que ces démonstrations d’amour entraînent. En disant cela, ce n’est pas aux petits cadeaux fabriqués par des enfants affectueux-abusés par les possibilités du papier crépon et des crayons de couleur- que je pense, mais plutôt au déni de mémoire entretenu par ce genre de célébration. Et il m’apparaît souhaitable d’inviter chacun d’entre nous à retourner à la source de cet événement . Il est toujours bon de savoir d’où l’on vient afin de mieux comprendre ce qui nous attend. Et c’est dans cet esprit et animé d’une irrépressible pulsion historico-pédagogique que je vous convie à la lecture de quelques extraits du discours prononcé, à l’occasion de la Journée des mères, le 25 mai 1941 par Philippe Pétain, chef de l’État français et à l’origine, sinon de la fête des mères, mais de son institutionnalisation.
« Maîtresse du foyer, la mère, par son affection, par son tact, par sa patience, confère à la vie de chaque jour sa quiétude et sa douceur. Par la générosité de son cœur, elle fait rayonner autour d’elle l’amour qui permet d’accepter les plus rudes épreuves avec un courage inébranlable.
Mères de notre pays de France, votre tâche est la plus rude, elle est aussi la plus belle. Vous êtes avant l’état, la dispensatrice de l’éducation ; vous seules savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui fait les hommes sains et les peuples forts ; Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne.....
Mère de France, entendez ce long cri d’amour qui monte vers vous ».
Et , Boutin soit louée, il monte toujours, mais aujourd’hui c’est en anglais ;
« happy mum ! »
« « happy mother’s day », « born to be a beautiful maman ».
On est passé de la mère pondeuse à la mère soutien de la croissance et cible privilégiée du marketing , mais dans tous les cas de figure, mère instrumentalisée au service d’une idéologie ou d’un modèle consumériste. L’essentiel étant qu’elle occupe une place déterminée par les différents pouvoirs, même si les adjectifs changent. Modeste ou dynamique, grave ou rieuse, patiente ou impatiente, fantasque ou disciplinée, à poil ou en chignon, peu importe, du moment qu’elle reste à sa place et qu’elle fournit le nombre optimum de petits soldats ou qu’elle renouvelle son réfrigérateur ou son épluche légume numérique dans la joie du devoir accompli.
Quelle gravité soudaine, penserez- vous, pour commenter un événement au demeurant bien intégré et qui ne fait de mal à personne. Ouais... Why not ? Allez, on passe à autre chose, et c’est l’heure du déjeuner. Envie de me changer les idées. Un petit resto ? Why not ? Peut-être un « frozen yogurth » chez Burgertruc, en face de la Dog house , désolé « we are closed », et pourquoi pas un « fried chicken » chez Marcel’s, l’aveyronnais reconverti. Why not ?
Ou plutôt rester chez moi et m’abandonner un instant au souvenir de celle qui enfanta le mauvais gars que voilà.
Maman je t’aime.

MA


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