Lettre ouverte aux descendants de Juan, Giovanni,Gilberto, Bogdan et de quelques autres
On vous entend parfois, ça et là, au gré des informations(?) dispensées par de prétendus défenseurs de la vraie France - plutôt bleue et blanche - joindre votre voix à leurs clameurs alarmistes : le grand remplacement est en marche, le couscous va bouter la blanquette* hors de nos assiettes, « ils » vont prendre le travail de nos enfants, engrosser nos filles. Ce qu’on pourrait comprendre (?) d’un aveyronnais de la 12ème génération, désarçonné à la rencontre d’un bosniaque croisé sur le chemin de Compostelle, est proprement incompréhensible , pour ne pas dire inadmissible de la part du petit-fils ou de l’arrière petit-fils de Bogdan venu de Varsovie, de Vicente venu de Badajoz, de Gilberto venu de Bragance ou de Gianni venu de Corato. Rappelez-vous d’où vous venez et qui vous a fait tous enfants de la République.
Espagnols, ils furent 475000 à émigrer vers la France entre le 28 janvier 1936 (chute de Barcelone le 26) et le 13 février 1939 , au moment de la retirada lors de la chute de la république espagnole et devant l’instauration de la dictature franquiste. Civils et soldats de l’armée républicaine, femmes et enfants , leur accueil ne fut pas toujours des plus chaleureux et à la mi-juin 1939 ils étaient encore 139000 hommes internés dans des camps, dans un climat souvent xénophobe alimenté par une droite extrème brandissant la peur du rouge. Ils fourniront à la Résistance française de nombreux combattants en même temps que d’autres s’engageront dans les forces française libres et participeront à la libération de notre territoire.
Les Italiens ? 6,3 millions émigreront en France entre 1870 et 1945 ! Les Portugais ? 20.000 en 1958 ils sont750.000 en 1975. Les Polonais ? Ils sont déjà 500.000 en 1931 ! Arrêtons-là ces rappels et ces chiffres. J’en entend qui murmurent et marmonnent dans mon dos : « Mais les arabes, vous ne parlez pas des Arabes ? » Parlons-en ? Mais desquels ? Ceux de 14-18 ? Ils sont 175000 soldats algériens envoyés sur le front : 35.000 seront tués, 72.000 seront blessés. Ceux qui construisent nos maisons, nos écoles, nos tramways, nos autoroutes ? Suffit ! Vous voulez des statistiques ? L’INSEE et l’INED sont là pour ça.
Mais on ne fait pas un pays avec des statistiques. On fait un pays avec le sang, la sueur, les rires, les larmes, les chants, les poèmes, les amours de toutes celles et ceux que l’histoire , un jour, jette sur les route de l’exil et qui jour après jour, construisent ensemble, avec ceux qui les accueuillent, une communauté toujours en mouvement, constamment renouvelée et riche de tous leurs apports. Pas toujours simple, pas toujours facile, on n’abandonne pas sa terre natale par plaisir, les Dupont-la-Joie sont de toutes les époques, mais au bout du compte c’est la complexité qui gagne. La complexité, c’est le vivant, c’est la vie même ; c’est parfois fragile et c’est le devoir et l’honneur de la République d’offrir à ses ressortissants les outils de la citoyenneté, dans la fraternité et le partage.
Alors, de grâce, n’oubliez pas d’où vous venez : vos parents se sont battus, chacun à sa façon, pour contribuer à forger notre communauté nationale, dans l’adversité comme dans la joie. Ritals, Espingouins, Polaks ,Portos , Arménuches, Bicots, Nègros , Pieds-noirs , Beaucerons, Bretons, Savoyards et Parigots, j’en passe et des meilleurs, même combat ! Peu importe les vocables dont on nous affuble : nous sommes tous grands et riches de nos différences. La France doit rester une terre d’asile où Dante côtoie Cervantes, Aristote, Averroes, Eluard, Pessoa et la mère Michel , los cuatro muleros.
Nous sommes tous des émigrés !
Honte à Morano !
Le demi-rital de service
MA
* beaucoup plus menacée par les gras empilements de burger and co
> Enfin le voici , grand merci , nous l’attendions avec impatience votre grand coup de gueule , mon cher chroniqueur . Personne n’en avait eu le courage face à tous ces Zémour et compagnie . Vous réveillez nos élites somnelantes .Déja ce jour 5 pages sur Libé . et "Les débats" reprennent votre thème : unité ou diversité ?
> Vous prouvez avec des informations précises qu’une diversité humaine est depuis longtemps parmi nous et que notre France , fille ainêe de l’église ,s’en accomode très bien .Parfois dans les transports en commun nous nous demandons ,dans cette foule métissée comment diable reconnaître un intrus ? Mais ne préférons nous pas être assis en face d’une fringante africaine plutôt que face à un vieux monsieur renfrogné ?Ils nous coûtent cher ces étrangers nous dit-on,mais vous démontrer bien la contribution de tous ces gens a la fois d’ici et d’ailleurs à notre fierté nationale .
> Les migrants à la mer , la fermeture des frontières , le droit du sol , la préférence nationale , la place de la République rebaptisée place Charles Martel etc ...Je ne veux pas accepter ce rétressiment qui veut nous être imposé . Je vais réagir . Je tapisse le fond de ma valise à roulettes de vos éditos , quelques lingeries fines , je la ferme et au bras de mon aimée , notre bébert sur mon dos nous filons clandestinement vers la Suisse(pays dont je maitrise parfaitement la langue)et nous organisons la résistance !
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> IN CHAT LA