Bon, me voici arrivé à quelques heures de l’échéance. Je parle de celle de rendre un texte propre pour le site de ma radio locale préférée.
D’habitude, les mots débordent de ma tête pour s’aligner sur le clavier, et ma pensée s’organise autour, pour aboutir à un texte cohérent et construit.
Je respire lentement, fais le vide dans ma tête pour essayer de sentir l’amorce juste, l’angle d’attaque pertinent : un milliardaire ukrainien élu président pour épouser l’Europe de la finance ? les fourberies de Copé ? les footeux plein aux as au cœur d’un Brésil saigné à blanc ?
Que dire au juste qui éveille l’appétit de sens.
Que dire qui n’ait déjà été explicité dans les textes précédents : information structurante, participation citoyenne, partage du travail et des richesses, mélange des peuples, expériences insolites, témoignages, aberrations, …
Que dire qui ouvre la réflexion hors des champs humains déjà acquis à la pensée que je vais énoncer.
L’heure est-elle encore à la parole, quand on sait ce que nos Dark Vador en font : « Luke je suis ton père, rejoins-moi du côté obscur de la force… »
L’heure est-elle à l’humour : « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ».
L’heure est-elle à la résignation quand on sait qu’elle est souvent l’antichambre du désespoir, qui est lui-même le palier du vote FN.
Je ne sais que penser de dimanche dernier. J’ai été rassuré par mon village ; un monde à part qui reste un monde à part.
J’ai été terrassé par la capacité de propagande du FN, qui fait plus fort que les soldes monstres d’hiver, et l’incapacité de le faire déjouer de son rôle de caméléon d’une gauche sociale.
J’ai fui le plateau télé où je n’étais de toute façon pas invité, et même si… je n’y aurais pas tenu une minute.
J’ai fait la seule chose que je sais faire : expliquer à mes concitoyens la vie qui les entoure, leur raconter ce qu’ils ne voient plus, ce qui pourrait les mettre en rogne si ils n’avaient pas les informations utiles à leur quotidien ; et ceci au travers du blog communal.
Bref, essayer d’enrayer la pensée abrupte et vindicative qui fait les choux gras des « bleu marine ».
Des images d’archives nous montrent en 1933 un futur führer badin et courtois, endormant les diplomaties d’Europe, mâchant un discours social et national, usant de ruses et d’odieuses machinations pour attirer un peuple de plus en plus aveugle.
Elles nous montrent le même homme vociférant , en 1940, devant les alignements à l’infini d’une foule idolâtre hurlant son nom.
Et la mort, le malheur infini dont on dira plus jamais cela.
Plus jamais cela ?
Et le côté obscur de la force, son attraction maléfique. Jusqu’où irons-nous flirter avec la limite avant de basculer dans l’irrémédiable ?
JM.F