Avec son Rodéo boulevard, autant dire qu’Anis est attendu au tournant. C’est la fameuse étape du deuxième album. Celle que tout artiste doit franchir… ou pas.
Va-t-il rester fidèle à son style ? Va-t-il dans le même temps réussir à se renouveler ? Une quadrature du cercle qu’Anis résout à vrai dire assez bien. On retrouve sur Rodéo boulevard tout ce qui faisait le charme de La Chance. Des déclarations d’amour pleines de fraîcheur et de gourmandise (O mon amour, Swing javanaise), des autoportraits trempés de dérision (La trentaine), des entrelacs de mots poético-comiques (Hagard du Nord). Et, bien sûr, la voix rocailleuse d’Anis, avec son phrasé si particulier et si groovy.
Assez de repères pour ne pas être dérouté donc, mais des évolutions tout de même. Elles montrent que l’ex crooner du métro parisien a fait du chemin.
Du côté de la diversité d’abord, puisque Rodéo boulevard mixe gaiement les ambiances reggae, rock, ska, soul, calypso et même blues. Du côté de la réalisation ensuite, vraiment léchée. Grâce notamment au réalisateur Jean-Pierre Sluys (Vincent Delerm, Bumcello, Polar…), à des musiciens précis et ouverts (Thibault Willigens à la guitare, Jean Daniel Jouannic aux basses et Cyril Tronchet à la batterie) et à de belles collaborations (Mardi Gras Brass Band, Oxmo Puccino, Philippe Wampas et Petit Louis, du groupe de reggae Jim Murple Memorial).
Enfin, sur Rodéo boulevard, Anis s’amuse plus avec sa voix. Fait des chœurs, ânonne, susurre. Chante aussi quelques bribes de chansons en portugais, résultat d’une résidence au Brésil en 2007 puis d’un long séjour au Portugal. Le chantre a d’ailleurs des envies d’aller s’installer là-bas. S’il troque Paris et ses bars, qui l’inspirent tant, pour Lisbonne, son soleil et sa mer, le troisième album risque d’être nettement plus dépaysant !