Trop souvent réduit à sa caricature de barde déglingué de l’anti-folk, le New-Yorkais Adam Green est pourtant un très attachant surdoué, et un doudou. Un surdoudoué ?
Longtemps, on a cru qu’Adam Green était un enfant. Quand, au sortir de l’adolescence et des années 90, il chahutait le folk-rock dans le duo The Moldy Peaches. Plus tard, au milieu des années 2000, quand il a essayé de chanter comme Sinatra – à la manière qu’ont les enfants d’enfiler un costume de superhéros. Mais en vrai Adam Green, 28 ans, n’est pas un enfant. C’est un doudou. Il a le poil peluché et un oeil qui tombe, il est un peu décousu. Ce n’est peut-être pas le plus beau ni le plus propre, mais c’est celui qu’on préfère dans notre collection de mini rock-stars (Peter Doherty, Devendra Banhart, Julian Casablancas…).
Avec son sixième album Minor Love, Adam Green nous rappelle de bons souvenirs, comme le rock indé des années 90 (Beat Happening, Silver Jews), voire l’ultime pop-star de bac à sable Jonathan Richman. On aime tellement Adam Green qu’on lui pardonne tout, comme de nous répondre, quand on lui demande son bilan de l’année passée : “J’ai plus vomi en 2009 que toutes les années précédentes.” Explication : “J’ai divorcé, je me suis senti très mal, j’ai parfois touché le fond. Par exemple, j’ai dû retourner vivre chez mes parents. J’ai aussi vécu chez des amis, sur leur canapé. Dernier couché, premier levé, tout le temps bourré.” Chez Adam, la tendance Green rime avec alcoolo plutôt qu’avec écolo. Pour la rime riche, on ajoutera bricolo.
Son nouvel album, il l’a enregistré à Los Angeles en quasi solo, en jouant la plupart des instruments, “même ceux dont je ne sais pas vraiment jouer, comme la batterie. J’étais avec Noah, qui joue avec Devendra, et Rodrigo de Little Joy. On a fait des erreurs, mais je le voulais comme ça, comme une suite de mon premier album. J’ai fait ce disque pour moi, pour me calmer, me rassurer. Quand on est gamin, on peut téter les seins de sa mère. Ensuite, on peut se masturber tout le temps – c’est d’ailleurs ce que je faisais à une époque : me masturber et faire de la Nintendo. Mais ce n’était pas très constructif. Chanter est devenu un bon moyen de me faire du bien tout en ayant un but, un projet.”