Les éditoriaux

« Les saisons ça ne se discute pas »

Ainsi s’exprimait avec autorité Raymond Queneau, grand Maître de l’Oulipo et un de mes écrivains préférés. Soit ! Les saisons, elles sont comme elles sont, mais il n’est pas interdit d’ avoir des préférences.
Ainsi puis-je préférer mai à novembre, mai saison des amours à novembre saison des Zemmour. Mai des filles et des garçons en fleurs , des révoltes et des poètes , mai des utopies et des lendemains qui chantent, versus novembre au ciel bas, novembre des morts et du souvenir des tueries , novembre enfin, quand les ciels , s’embarrassent, s’épuisent et s’affaissent sur villes et campagnes.
Novembre las
Novembre bas
Restons en là
Cet automne est imbuvable
Trop de jaunes érables
Et ces années
Ces années…

Novembre las
Novembre bas
Elle m’avait pourtant dit
On ne parlera pas,
C’est juré
De la mer amoncelée
Des collines en gradins gris

Novembre las
Novembre bas
Cause, cause toujours
Il y a la mer sur le devant
Les collines au dessert
Et cette tristesse
Cette tristesse…

Manque plus qu’une mouette !

Ainsi va ma mélancolie de vieil homme , ébréché par tant et tant d’années mais bien décidé à combattre tout ce qui nous pourrit la vie, tout ce qui menace notre vivre ensemble et l’avenir de nos enfants, à démasquer les cons dangereux qui tentent de s’emparer de notre fragile démocratie . Près d’un tiers de nos concitoyens sont prêts à voter pour l’extrême droite. Qu’avons-nous manqué pour en arriver là ? Alors, un nouveau 6 février 1934 ? On dit que l’histoire ne se répète jamais , sauf en bégayant…..et en pire ?
Les organisations traditionnelles en déliquescence , les ego en concurrence, le manque de courage politique- à ne pas confondre avec coups de menton et radicalité surjouée- tout est réuni pour faire le lit de la droite extrême. En finir avec le tout libéral et retrouver le juste équilibre avec un Etat régulateur et prospectif. Ce qui n’est pas incompatible avec les initiatives des associations citoyennes.
J‘arrête là ce qui commence à ressembler à un tract , comme une tentative de séduire les infirmières sacrifiées sur l’autel comptable des gourous libéraux. J’assume, pour les fréquenter régulièrement depuis plusieurs années, ce qui n’est pas seulement un hommage mais aussi et surtout une reconnaissance de leur professionnalisme.


Une dernière remarque avant de conclure. Lectrices et lecteurs de mes chroniques vous savez l’agacement qui me submerge quand il s’agit de marketing dont les excès contribuent à la détérioration de nos écosystèmes. et à la litanie de mes sarcasmes Cependant je voudrais m’excuser auprès de mon ami P. qui culmine depuis plusieurs années à des postes de marketing. Un vrai forçat du concept ; Il faut bien vivre et nourrir sa famille. Je me souviens avec émotion de sa dernière visite et qu’il me raconta avoir inventé, pendant son sommeil, le concept d’un nouveau fromage à pâte molle. Je te pardonne, ami, l’amitié exige parfois ces petits renoncements….provisoires.
Suffit pour aujourd’hui. Ne pas abuser de votre patience.
Juste un petit haiku de novembre pour la route :

Lune de Toussaint
Comme une odeur de vinaigre
On grime les morts
MA

21 Brumaire CCXXX